Style American Tribal FusionAMERICAN TRIBAL STYLE (A.T.S.) :
une base commune, source de cette danse
L'American Tribal Style Bellydance a ses racines dans les danses tsiganes du Moyen Orient auxquelles s'ajoute la sensibilité artistique américaine contemporaine (Rina Orellana Rall).
Le style tribal est né aux Etats-Unis à la fin des années soixante avec Jamila Salimpour. Lors de la "Renaissance Pleasure Fair" (à Berkeley), Jamila Salimpour, professeur de danse orientale et sa troupe doivent répondre à l'exigence esthétique de la période médiévale. Pour y répondre avec la plus grande authenticité possible, Jamila travaille donc l'année suivante sur les origines de la danse orientale, ses racines tziganes comme ses styles traditionnels et présente sa nouvelle troupe Bal-Anat en costumes traditionnels.
Au cours de ses recherches ethnologiques et sociologiques, Jamila retrouve les traditions de ces danses tant dans les mouvements que dans les costumes et les maquillages. Dès lors, elle les mélange, les fusionne à chacune de ses représentations. La danseuse Morocco de New York discutant avec Jamila de sa troupe parlera de Tribal Californien ou Tribal Américain (1998) dans la façon qu'elle a alors de fusionner différentes tribus et différents styles. Ce nom est toujours utilisé aujourd'hui.
Ce style s'identifie à deux caractéristiques majeures : d'une part l'emploi de mouvements issus des danses flokloriques orientales et tziganes au sens large, et d'autre part des costumes composés d'éléments traditionnels de différentes cultures (jupes, cholis, turban, bijoux anciens, sagattes...).
Puis, quelques uns des danseurs de cette troupe quittent le groupe pour continuer leur propre route. Les plus fameux sont : John Compton (Directeur de la Troupe Hahbi'Ru), Katarina Burda (Directrice de la Troupe Aywah dont Mira Betz, Zoe Jakes et Elisabeth Strong faisaient partie) et enfin Masha Archer.
Styliste et créatrice de bijoux ethniques, Masha ajoute à ce début de fusion, une esthétique particulière où large sarouel et turban alourdi de bijoux ethniques sont les pièces maîtresses. Côté danse, elle met en scène la troupe (organisation de l'espace scénique) et ouvre les musiques aux harmonies occidentales. Elle développe aussi l’idée d’une danseuse orientale féminine et puissante, à l’encontre de l’image féminine et séductrice de la danse orientale de cabaret.
La danse tribale américaine ne représente aucune tribu particulière, mais combine les vocabulaires locaux (mouvements et costumes) de danses traditionnelles pour en recomposer une de toute pièce.
Puis, Carolena Nericcio, élève de Masha Archer depuis l'âge de 14 ans, fait évoluer le concept de danse en troupe improvisée. Elle organise la danse, la codifie pour pouvoir présenter sur scène une improvisation collective synchronisée. Elle est la créatrice de l'American Tribal Style Bellydance® (ATS) et la directrice de la compagnie Fat Chance BellyDance (FCBD). Les costumes sont ethniques (bijoux afghans et berbères, jupes gypsy, turban indien sur la tête, tatouages tribaux sur le visage), la danse se pratique en communauté. Les solistes n'existent pas. Les mouvements fusionnent la danse orientale, la danse khatak d'Inde et le flamenco. C'est une danse de semi-improvisation basée sur le principe « lead & follow » et des « cues » : un meneur « leader » entraîne le reste de la troupe « followers » dans des combinaisons de mouvements déclenchés par des clés «cues». Chaque danseur est tour à tour meneur et « suiveur ». L'énergie et la complicité du groupe priment sur la qualité artistique individuelle.
L'ego n'a pas saa place dans cette danse.
D'abord membres des FCBD, elles ont ensuite suivi leur route : Jill Parker, Paulette Rees Denis, Kajira Djoumanah pour les plus connues.
AMERICAN TRIBAL STYLE BELLY DANCE
Dans le public, les avis sont partagés : certains adorent ce nouveau style, d'autres détestent ses innovations. Ce style a finalement été appelé "American Tribal Style Belly Dance". Lui donner un nouveau nom permet de le distinguer définitivement des autres danses orientales traditionnelles. "American" rapelle qu'il s'agit d'une invention et "Tribal Style" parce que c'est une danse de groupe où les danseurs portent des costumes venant de différentes tribus (sources : site des FCBD).
L’ATS est la seule danse au monde qui utilise le format “cues-lead-follow” et permet d’improviser une danse de troupe parfaitement synchronisée. Grâce à ce langage non verbal, la communauté prend vie sur scène et crée cette magie de l’instant où l’on doit être attentif à l’autre en oubliant son égo et ses propres ambitions.
La philosophie de cette pratique artistique est donc :
- le respect des origines des danses
- l’écoute de l’autre et l’humilité
- renforcer la beauté féminine en développant sa confiance et sa force
AMERICAN TRIBAL FUSION (A.T.F.) : une interprétation personnelle et créative
Enfin, Jill Parker quitte la troupe des FatChance Bellydance. Elle souhaite pouvoir créer de nouveaux mouvements en y ajoutant ses propres influences. C’est le début du style American Tribal Fusion Bellydance. Jill est directrice de la compagnie Ultra Gypsy et devient la première danseuse d’American Tribal Fusion Bellydance (ATF - Danse orientale Tribale Fusion Américaine).
D'abord membres des UltraGypsy, elles ont ensuite suivi leur route : Rachel Brice, Sharon Kihara, Rose Harden, The Lady Fred pour les plus connues.
Puis, des solistes apparaissent ainsi que des troupes utilisant des chorégraphies. Les artistes agrémentent la base ATS de leurs propres influences (jazz, hip-hop, odissi, contemporain...) et beaucoup d'entre elles utilisent la technique Suhaila Salimpour qui leur permet une maîtrise totale de leur musculature exécutant alors sur scène des "isolations" fascinantes. Les costumes se personnalisent, la musique fusionne, voire devient électro. Aujourd'hui, il existe plusieurs courants tels que : fusion gothique, fusion burlesque, fusion romantique, fusion urbaine... Le point commun à toutes : l'ATS, la posture, l'attitude et la fusion.
L’ATF, toujours fidèle à la philosophie de l’ATS, stimule la création artistique personnelle. Ouverte à toute les fusions, elle ne demande rien d’autre que d’être soi même. C’est une quête vers sa propre identité qui se nourrit et s’enrichit de l’ouverture à l’autre.
La philosophie de cette pratique artistique est donc :
- le respect de ce que l’on pressent être nous-même
- l’ouverture vers d’autres danses
- l’expression collective d’une identité personnelle.
TECHNIQUEMENT
Le groupe apprend ensemble un certain nombre de mouvements (ou variations). Il a donc le même vocabulaire de danse. Comment dire à ses partenaires que l’on va exécuter tel ou tel mouvement ? C’est tout l’intérêt des “cues” (ou “clés”). Au lieu de parler sur scène à ses partenaires qui ignorent ce que le leader veut danser, celui-ci exécute un mouvement de tête, de bras ou de main pour indiquer la variation à exécuter. En ATS (renommé ATP par C.Nericcio American Tribal Pura), ces clés sont répertoriées dans une sorte de dictionnaire appelé “format”. Toutes les danseuses du monde, connaissant le format ATP, sont capables de danser dans un ensemble synchronisé à un instant “T”.
En ATS ou ITS (Improvisation Tribal Style), chaque troupe crée son propre vocabulaire collectif sur la même base de “clés” et “variations” et peut ainsi improviser sur l’instant. Carolena Nericcio a également imaginé un système de placements des danseuses permettant à la troupe d’improviser. Le “leader” ou “meneur” est toujours devant à gauche, et les “followers” ou “suiveurs” derrière lui. Tous les danseurs sont tournés légèrement de profil pour apercevoir le “leader” en utilisant leur regard périphérique. Il existe ensuite, plusieurs types de “formations” de troupe. Elles portent des noms : “stagger”, “horse shoe”, “duet”, “circle”...
Le concept est ainsi fait que chaque danseur devient “leader” quand il le désire, tout le monde doit alors le suivre. Ensuite, il quitte sa place quand il le désire également. Les danseurs sont donc, dans une même performance, tour à tour meneur et suiveur. Cela implique donc : de la modestie (quand on est “suiveur” on ne se permet jamais de juger la qualité du “meneur” car à un moment les rôles s’inversent), de l’attention à l’autre (il faut être attentif au signe du “meneur” pour exécuter le format de mouvement indiqué par ses clés), une forte conscience de soi et du groupe pour respecter constamment les placements afin que tous soient vus du public.
LES TATOUAGES ET LES COSTUMES
Les tatouages existent depuis la nuit des temps dans un bien grand nombre de tribus d’orient et d’ailleurs. Les californiennes des années 80 étaient également majoritairement tatouées : il n'est plus un signe d'appartenance à une communauté marginale mais prend véritablement une valeur d'esthétique corporelle. C’est donc tout naturellement que ces femmes ont également fusionné leurs tatouages avec ceux des tribus orientales : le visage est décoré, le corps tatoué. Ces deux apparats font partie intégrante du costume.
Le costume reprend différents atours des danses traditionnelles et folkloriques d’Orient. En opposition à la danse orientale égyptienne classique ou « Raqs Sharqui », le costume est une pièce unique souvent créé par la danseuse elle-même. Il reflète sa vie, ses goûts. Les tissus sont à base de matières naturelles : coton, lin, soie, les accessoires aussi : coquillages, plumes, os, bois, laine. Les bijoux sont antiques.
Au fil des ans, les costumes témoignent également de la culture de chaque danseuse : il devient plus contemporain. Les fibres naturelles disparaissent pour laisser place à des matériaux et accessoires plus synthétiques.
LES FUSIONS MUSICALES
Masher Archer fut la première dans les années 70 à proposer des musiques originales et non orientales lors de ses représentations. Même si aujourd'hui encore, les danseuses utilisent des musiques orientales traditionnelles ou remixées, dans ce domaine également, la fusion est là. Aujourd’hui, de nombreux DJ se spécialisent dans la création de musiques pour danseuses tribales. On y retrouve les influences orientales remixées ou des musiques électroniques. Seules les troupes de danses ATS continuent de danser sur des musiques très traditionnelles égyptiennes pour des raisons de simplicité rythmique. Pour les danseuses tribales fusion, elles choisissent des musiques allant du remix oriental ou gitan jusqu’au rock’n roll en passant par l’électro, la techno, la variété, le rap. N’oublions pas qu’il s’agit de danse orientale tribale américaine. Quelques grands noms de compositeurs actuels : Solace, Amon Tobin, Mercan Dede, DJ Amar, Cheb i Sabbah, Oojami, The Toids, Pentaphobe, the Balkan Beat Box.
PRATIQUE PROFESSIONNELLE
Développe la créativité
Parce qu’elle fusionne différentes techniques, la danse orientale tribale fusion américaine pousse l’artiste à s’ouvrir à de nouvelles esthétiques.
Parce qu’elle incite la danseuse à prendre, à un moment donné, la place de “leader”, elle force sa créativité spontanée.
Parce que le costume de la danseuse tribale fusion est aussi unique et personnel que ses fusions, elle développe l’inventivité esthétique.
Créer un univers visuel nouveau pour le public
Au cours des spectacles, on entend souvent le public exprimer son étonnement et sa fascination pour cet art inconnu qui mélange tant d’univers dans une danse serpentine qui les intrigue. D’une part, c’est nouveau, alors c’est avant tout la découverte. On vient voir un spectacle de “danse orientale...” et on est très étonné de voir des danseuses se produire sur des musiques électro, rétro ou autres. Surpris aussi de la maîtrise corporelle qui permet des isolations de mouvements étonnantes. Attiré enfin par les costumes, la multiplicité des accessoires, bijoux sublimes et coiffures sophistiquées.
PRATIQUE AMATEUR EN FRANCE
La danse orientale tribale américaine
rapport au corps féminin
D’abord la danse orientale est la seule danse au monde qui fait “danser le ventre”. Le ventre ! Centre de vie de la femme. En anglais on l’appelle “core”, c’est le coeur de notre anatomie, de nos énergies, de notre féminité. Dans la pratique, nous sollicitons les abdominaux et le périnée. Pour les solliciter, il faut les maîtriser. Ce travail est fait en cours. Bien souvent, les élèves disent alors “découvrir leur corps”. Or, découvrir son corps, c’est se l’approprier. C’est, pour elles, l’occasion de l’écouter, le respecter et souvent de s’en émerveiller. Elles se réconcilient avec ce corps qui, pour des raisons personnelles, leur a, un jour, échappé.
mille danses en une
Etant une fusion de plusieurs danses, les élèves pratiquent différents techniques en un seul cours. Elles goûtent à ces danses en les intégrant dans leur pratique. Peut être, plus tard, décideront-elles d’aller plus spécialement vers une de ces danses ?
Singularité visuelle et philosophie de vie
Si on remonte aux origines, cette danse est née à San Francisco dans les années 60. Le mouvement hippie est à son apogée. Les danseuses californiennes sont donc rapidement attirées par cette nouvelle danse où règne un esprit de communauté et où l’apparence est plus conforme à ce qu’elles sont : tatouages, vêtements en matière naturelle... Aujourd’hui, cette singularité visuelle et ces valeurs sont toujours vivantes dans la communauté.
Le public qui participe aux cours, vient d’horizons divers. Il y a celles et ceux qui se retrouvent dans la singularité visuelle des artistes vus sur DVD ou sur scène. Il s’agit en général d’artistes du spectacle vivant. Les élèves sont alors plutôt des femmes aux choix vestimentaires et corporels “underground” (tatouages, piercing, dreadlocks).
Participent également aux cours, celles et ceux qui se retrouvent dans l’univers musical (remix, world music,electro...). Les élèves sont donc plutôt des femmes, attirées par les mouvements de la danse orientale, mais pour qui la musique classique orientale ne suscite pas d’inspiration.
Enfin, il y a celles et ceux qui se retrouvent dans l’idée que le groupe prime sur l’égo. Que l’important n’est pas l’image que l’on donne de soi mais ce que l’on est au sein d’un groupe solidaire. La pluralité des univers des danseuses professionnelles permet aux amateurs de se sentir bien dans leurs choix personnels, quels qu’ils soient.
L'esprit de tribu
La danse est basée sur l’improvisation synchronisée en groupe. Autrement dit, sans l’autre : pas de danse! Cette notion essentielle incite le danseur amateur à développer son écoute de l’autre : il doit “capter” les signaux du “leader” qui vont déclencher une variation collective. L’humilité est essentielle à cette synchronisation.
De même, la tribu soutient et renforce chacun de ses membres. S'il n'y a pas de soliste (ou autre « danseur étoile »), chaque danseur sera un jour le leader de la troupe. C'est une hiérarchie éphémère qui stimule la confiance en soi.
PROMOTION ET DEVELOPPEMENT
Promouvoir cette danse c’est la porter jusqu’au public, par des spectacles et des festivals.
Spectacles
Lorsque la troupe des Bellydance Superstars, produite par Miles Copeland, arrive sur le vieux continent en 2005, un public de plus en plus nombreux découvre la danse orientale tribale fusion. Ce spectacle propose 1h30 de danses orientales dans un grand show à l’américaine. Beaucoup de styles différents y sont présentés dont une troupe de danseuses tribal fusion américaine. L’Europe découvre alors la danseuse Rachel Brice qui deviendra l’icône incontournable de ce style. Chacune de leur tournée remporte un vif succès.
Depuis quelques années, les directeurs artistiques de troupes de danse orientale et les organisateurs événementiels s’emparent de ce nouveau courant et présentent des danseuses tribales sur scène.
A partir de 2007, à Nîmes, l'association « Tamam, ateliers de femmes », menée par Djeynee, présente soit une danseuse soliste, soit une troupe parmi d’autres artistes sur une scène locale. Puis en 2008, elle commence à produire des spectacles de danses uniquement tribal américain. Notons que ceux qui viennent la première fois reviennent les fois suivantes. Le public est à la fois surpris par cet univers inconnu et perplexe des ces fusions qui lui évoquent une parcelle d'Orient. Il y a de fortes chances que cette danse sera très populaire quand elle sera plus connue.
Festivals
La référence est le Tribal Festival, organisé pour la première fois en 2000 à Sébastopol (Californie) par Kajira Djoumahna et son époux Chuck "Mr Kajira" The Dj ! C’est le premier événement organisé pour la communauté tribale. Aujourd’hui tous les plus grands artistes s’y retrouvent et le monde entier court à Sébastopol.
En Europe, les festivals se multiplient aussi. En France, le premier festival entièrement dédié à la danse orientale tribale américaine a eu lieu sur la Côte Basque du 11 au 17 juillet 2009. Avec les encouragements de Amy Sigil, Master aux Etats Unis, Djeynee a imaginé Tribal UMRAH. A Paris également, Julie de St Blanquat a imaginé le festival Bellyfusions dédiés à toutes les danses qui fusionnent avec la danse orientale, il a lieu en janvier.
La danse orientale tribale américaine est une danse récente. Nous avons donc la chance extraordinaire de pouvoir cotoyer encore aujourd'hui, ces pionniers qui un jour, en quête de racines et d'humanité, ont inventé une nouvelle façon de danser le monde occidental contemporain.
Aujourd’hui, la danse orientale tribale fusion américaine se développe doucement en France. Elle véhicule ses valeurs : esprit de tribu, ouverture à toutes formes de danses par la fusion, singularité visuelle.
Il ne s'agit - à priori - pas d’un phénomène de mode éphémère, mais d’un réel besoin de relation à l’autre, de partage de valeurs simples et authentiques. Elle attire aussi des artistes professionnels qui lui reconnaissent également un intérêt esthétique original pouvant déboucher sur un emploi.
Danse orientale tribale américaine
Un retour aux sources des danses collectives populaires avec pour base de mouvements la fusion des danses et des cultures. Elle est une pratique artistique qui combat les discriminations, force l’altérité, supprime les frontières et invite aux rencontres.
Sources : Djeynee - https://www.frenchyfusion.fr